COMMANDITÉ

PORTRAIT

Nicole Bordeleau, la femme qui fait du bien

YogaMonde, son studio de yoga, est toujours bondé. Ses livres, CD et DVD guident des milliers d’adeptes. La retraite annuelle qu’elle dirige au Mexique affiche complet des mois à l’avance. Nicole Bordeleau connaît un succès dont elle n’aurait osé rêver. Pourquoi ? Parce qu’elle fait du bien et le fait bien.

PETITE HISTOIRE, GRANDS DÉFIS

Nicole grandit en Abitibi dans une famille où l’alcoolisme du père laisse des séquelles profondes. Son refuge, elle le trouve aux côtés de sa mamie avec laquelle elle se berce des après-midi durant en feuilletant les pages du magazine Modes de Paris. Les manques creusés par une enfance douce-amère, Nicole les comble de mille et une façons, pas toujours les bonnes.

À la fin de l’adolescence, la jeune femme quitte le Québec et s’installe à Provincetown, dans le Massachusetts, avec le rêve d’une vie meilleure. Quelque peu désorientée, elle accepte un emploi de serveuse dans un bar. Les quarts de nuit s’enchaînent et la fatigue prend vite toute la place, jusqu’à ce qu’on lui propose un remède miracle censé la soutenir : la cocaïne. Bien vite, son allié devient son démon. Et elle touche le fond. Rapidement. Suante et tremblotante, à peine assez forte pour s’échouer dans un taxi, elle entre à l’hôpital, le matin du 12 mars 1980, dans des douleurs inimaginables. La cloison nasale perforée par la poudre blanche, Nicole écoute attentivement le médecin : « Cette fois, vous avez eu beaucoup de chance, mais la prochaine fois… » Il n’y aura pas de prochaine fois.

Après une sortie victorieuse de cette dépendance, Nicole reçoit une nouvelle qui lui fait de nouveau visiter l’enfer. Elle est atteinte de l’hépatite C, virus souvent mortel. Cette maladie, elle la combattra durant plus de 20 ans. Pour ce faire, elle change son alimentation de façon draconienne, cesse de fumer, diminue ses heures de travail et fait de l’activité physique. Malgré de nombreux efforts, la réalité la rattrape : son foie porte de nombreuses cicatrices et le virus est plus vigoureux que jamais.

C’est durant cette période de grands bouleversements, où elle décide d’entreprendre un travail profond sur elle-même, qu’un ami lui parle du yoga. Sa vie est encore une fois complètement chamboulée. Elle prend alors une décision : ne plus attendre de guérir pour vivre. Son nouveau leitmotiv : « Vivre, c’est guérir ! »

TROUVER SA VOIE

Durant des années, Nicole perfectionne son art en étudiant avec les grands Maîtres de ce monde. Jusqu’à ce qu’elle devienne Maître, à son tour. Celle qui vit maintenant de méditation et d’eau fraîche précise d’emblée : « Je suis comme tout le monde. J’ai vécu un mariage houleux, un divorce désastreux et une dépendance qui m’a fait frôler la mort. » Nicole Bordeleau est une preuve ô combien vivante que la vie peut être transformée pour le mieux, si l’on prend le temps de s’arrêter, de braquer son regard vers l’intérieur et de remettre ses priorités en ordre. « Si je l’ai fait, vous le pouvez aussi, je vous l’assure. »

Certes, mais par où débuter ? « Découvrir son essence profonde, nettoyer les débris de sa conscience, se libérer des limitations que l’on s’impose, se lier d’amitié avec son esprit, c’est un travail de longue haleine, jamais spectaculaire, qui se fait tout au long d’une vie », explique Nicole. Selon elle, le moyen privilégié pour arriver à transformer son esprit, un pas à la fois, demeure la méditation. « C’est difficile à croire, mais pratiquer l’immobilité permet aux émotions négatives de s’épuiser d’elles-mêmes. Il ne s’agit pas de refouler les émotions, mais de leur laisser tout l’espace intérieur nécessaire pour qu’elles fondent comme de la glace au soleil. »

Et il y a la gratitude, gratitude envers cette vie qui nous offre chaque jour « vingt-quatre nouvelles heures. Il faut savourer chacune de ces heures, parce qu’au coucher du soleil, vous aurez, que vous le vouliez ou non, vingt-quatre heures en moins à votre vie ». Cette prise de conscience, qui enseigne que rien ne dure et que seul le moment présent a une véritable valeur, est, selon Nicole Bordeleau, le premier pas vers une réelle transformation.

VAINCRE LA MALADIE

À l’automne dernier, Nicole apprend une fois de plus que la vie peut nous surprendre : le nouveau traitement qu’elle a reçu pour combattre l’hépatite C a fonctionné. Elle est guérie. Si bien qu’aujourd’hui Nicole considère sa maladie comme « un cadeau mal emballé ». Oui, un cadeau qui lui a permis de tout remettre en question, de réorienter sa carrière, de remettre sa santé et sa vie personnelle au centre de ses priorités. En un mot, sans l’hépatite C, Nicole n’aurait peut-être pas ouvert YogaMonde et n’aurait pas guidé autant de gens dans leur quête d’équilibre.

yogamonde.com

Texte : Madeleine Arcand

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